« Chers membre de JMPE,
Très chers amis,
C’est avec gravité mais aussi détermination et la conviction que notre collectif citoyen aura à jouer pleinement son rôle dans les mois et les années qui viennent que je m’adresse à vous, à l’approche du premier tour de ce scrutin législatif anticipé.
Notre collectif « Je m’engage pour l’école ! » a été fondé pour fédérer des citoyens de sensibilités politiques différentes, unis par leur attachement aux valeurs républicaines, convaincus de la nécessaire transformation de notre système éducatif pour qu’il soit plus juste, plus performant, porteur d’émancipation, animés par la certitude que l’Europe puissance éducative est un formidable accélérateur vers l’excellence pédagogique et la transmission des valeurs démocratiques aux jeunes générations.
C’est parce qu’il y a péril en la République que je me permets de vous écrire au nom du bureau de notre association.
Dimanche, nous sommes appelés aux urnes et pas une voix ne doit manquer pour refuser l’accès aux responsabilités du Rassemblement national, ferment de divisions, fossoyeur de tous nos idéaux, garant du déclin annoncé de notre pays.
Le mandat européen que j’ai eu l’honneur de porter m’a permis d’être aux avant-postes et de pouvoir témoigner aujourd’hui de l’imposture que constitue cette pseudo normalisation du Rassemblement National.
Est il « normalisé » ce parti dont le chef, Jordan Bardella, aspirant aujourd’hui à l’entrée à Matignon, a assuré le rôle de vice-président du groupe politique d’extrême-droite du Parlement européen en binôme avec Gunnar Beck, membre du parti néo nazi AfD, avec lequel le Rassemblement National n’a pris pris ses distances que quelques jours avant le scrutin européen de 2024 ? Le Rassemblement National et l’AfD ont eu des votes quasi identiques tout au long du mandat, aux ordres du Kremlin, refusant tout soutien à l’Ukraine, s’opposant aux sanctions contre le régime de Poutine, complices du recul des droits des femmes en Hongrie, en Pologne, aux États Unis, se prononçant contre les mesures en faveur de l’égalité salariale entre femmes et hommes, contre le plan de relance, contre les vaccins et toute politique européenne de santé, et surtout, combats qui nous sont chers, rejetant l’augmentation du budget d’Erasmus, l’augmentation de la garantie-jeunesse, aide aux jeunes sans emploi, sans formation, toute avancée de l’Europe de l’éducation…
Est il « normalisé » le parti qui prend pour modèle la Hongrie de Viktor Orban? En mission parlementaire à Budapest, j’ai observé avec attention les dérives de ce pays qui n’est plus une démocratie : 90 % de la presse dans les mains du pouvoir – Bolloré en pave le chemin -, indépendance de la justice rognée, liberté académique confisquée par un système de fondations privées contrôlées par les amis d’Orban exerçant un contrôle sur les enseignements comme sur la recherche, un système éducatif en chute libre, avec un monopole d’Etat sur les manuels scolaires qui se caractérisent à la fois par leur médiocrité et leur contenu idéologique aux antipodes de notre modèle démocratique, faisant l’éloge de dirigeants fascistes, le tout s’inscrivant dans un projet à peine voilé de dégradation de l’éducation car des élèves moins bien formés sont aussi moins rebelles ! Pas une semaine sans qu’un jeune Hongrois me contacte pour me supplier d’agir pour sauver son système éducatif en perdition !
Parce que nous ne voulons pas de cela pour nos enfants, nous devons nous mobiliser contre leur Rassemblement national les 30 juin et 7 juillet !
À ce péril pour notre démocratie, s’en ajoute un autre, différent mais tout aussi contraire à nos valeurs : le naufrage de La France Insoumise qui est passé de la complaisance à la complicité avec l’islamisme et n’hésite pas aujourd’hui à prospérer sur l’antisémitisme, proposant comme aux pires heures de l’histoire de notre pays, des listes d’ennemis à abattre ciblés pour le simple fait que leur patronyme est juif.
Alors dimanche, nous devons soutenir et conduire à la victoire les candidats avec lesquels il nous semble possible de construire un avenir désirable pour le pays, même si nous ne partageons pas l’ensemble de leurs convictions.
Chacun dans son territoire, au cas par cas, doit voter pour une personne avec laquelle nous pourrons construire demain un projet politique viable, en regardant ce que nous avons en commun plutôt que ce qui nous sépare.
En réalité, nous sommes à l’aube d’une recomposition politique, d’un changement radical de mentalité qui doit intégrer, en urgence, cet esprit de compromis – et non de compromission – qui existe déjà dans la plupart des pays européens et au Parlement européen.
La survie de notre démocratie est au prix d’une mutation très rapide vers ce que le philosophe Martin Buber appelle l’esprit de dialogue, à savoir la capacité de sortir transformé d’un échange de bonne foi.
Nous devons résolument faire barrage au Rassemblement National et voter pour le candidat qui nous semble le plus à même de l’emporter, tout en étant capable de s’inscrire dans cette biodiversité républicaine qu’il nous faut raviver, pour que notre beau pays, la France, reste le pays des droits de l’homme, pour que notre beau pays, la France, n’entraîne pas dans sa chute, celle de l’Union européenne, garante de la paix et de nos valeurs humanistes depuis plus 70 ans.
En votant pour des candidats s’inscrivant dans l’arc républicain, préparons demain la possibilité d’une coalition seule voie pour résister à l’arrivée des extrêmes au pouvoir.
Un chemin est encore possible. Il repose sur chacune et chacun d’entre nous. Le découragement et le défaitisme sont le premier pas vers la compromission.
C’est comme citoyenne, inquiète, viscéralement attachée à la démocratie, à la France, à l’Europe que je vous écris aujourd’hui.
Formant le vœu que notre collectif sorte renforcé de cette épreuve, je sais pouvoir compter sur votre engagement dont nous avons plus que jamais besoin.
Convainquons ceux qui ne le sont pas encore d’aller aux urnes pour faire advenir une troisième voie. Il ne reste que quelques heures.
Fidèlement à vous. »
Ilana Cicurel Députée européenne et Présidente du collectif » Je m’engage pour l’école !«
Dessin « Marianne attend… » de Fadila Tatah avec son aimable autorisation. Merci à elle.