« Après avoir passé deux heures avec l’équipe qui entourait l’auteur de ce massacre, après avoir consulté le dossier rien ne laissait entendre qu’il était ou ne signifiait qu’il était radicalisé. Ç’est la réalité du problème complexe devant lequel nous sommes, c’est que : la radicalité ça n’est pas toujours facile à détecter. Alors est-ce que nous sommes démunis ? Non ! Moi ce que je préconise c’est qu’il faut qu’il y ait un avant et un après carnage de la préfecture. Quel que soit le signal faible qu’on peut identifier, il faut immédiatement le faire remonter. Ç’est une forme de principe de précaution qui doit s’appliquer. C’est une espèce de responsabilité collective et je pense que nous ne devons pas essayer de trouver des boucs émissaires. La lutte contre le terrorisme déjà donne des droits à la police et à la justice qui sont tout à fait exceptionnels. J’en ai un petit peu assez d’avoir le rassemblement national qui se présente comme le seul qui pointe l’islamisme radical. Nous sommes en guerre contre un islamisme souterrain qui progresse par les réseaux sociaux, qui accomplit son oeuvre de manière invisible qui agit clandestinement, endoctrine par proximité et corrompt au quotidien. Désigner l’islam politique comme un ennemi de la république vous n’en avez pas le monopole. L’éducation par exemple – vous aurez noté que le principal problème qu’on avait dans les écoles, c’est que les directeurs les professeurs se sentaient terriblement isolés et ils étaient face à des atteintes à la laïcité et ne savaient pas quoi en faire. Il a été mis en place par le ministre Jean-Michel Blanquer des référents laïcité sur l’ensemble du territoire, des équipes nationales et en 24 heures le moindre signalements relatifs à la laïcité il y en a une 900 remonte et a immédiatement une réponse sur le terrain il s’agit d’abord d’avoir une responsabilité collective qui fait qu’on applique le principe de précaution, que le moindre signal faible est signalé. Une fois qu’on l’a signalé, ce sont des enquêtes qui se mettent en place pour déterminer si oui ou non la personne a sa place dans le service et là en l’occurrence quand vous êtes face à un service de renseignement, il est évident que le simple principe de précaution sera particulièrement rigoureusement appliqué. La pire chose que nous pourrions faire à un moment de danger terroriste comme celui que nous traversons, ce serait la démission du ministre de l’intérieur. Vous avez vu que les commissaires de police se sont exprimés de manière forte et ont dit qu’ils étaient écoeurés par l’utilisation politique qui a été fait de cette affaire. »
Ilana Cicurel – TV – LCI – Octobre 2019